Quentin Condo

Quentin Condo écrivait des textes pour parler, pour partager, pour apprendre et pour défendre les droits des Autochtones. Il participait également à des manifestations. Élu membre du Conseil de Gesgapegiag, il a effectué deux mandats entre 2009 et 2013, mais il a vite réalisé que la politique n’était pas pour lui, que ce système imposé par le gouvernement ne lui convenait pas. Après avoir abandonné ses fonctions politiques, il a quitté la réserve pour s’installer ailleurs.

Quentin doit à ses fréquents séjours dans l’Est des États-Unis d’avoir été exposé au hip-hop, avant même que cette culture soit commercialisée dans les années 2000. Particulièrement inspiré par le hip-hop engagé, qui parlait de changement social et d’empowerment, il considérait que ce que vivaient les communautés autochtones faisait écho à ce que dénonçaient les communautés noires américaines. Quentin connaissait les réalités et les conditions de vie difficiles des Autochtones et le hip-hop devenait le moyen le plus utile pour s’exprimer. Selon lui, il est rare qu’on se rappelle un discours politique, mais une performance artistique marque plus facilement l’imaginaire.

Plus jeune, il a voulu partager sa passion pour le hip-hop avec sa communauté, mais n’avait pas l’approbation de son père. Ça ne l’a pas empêché de s’exprimer par le rap, ce qu’il a fait en privé, underground, d’une certaine manière, avec ses amis. Il aimait aussi faire du breakdance, cette forme de danse urbaine qui fascinait les jeunes autochtones de sa communauté. En 2018, il lançait son premier album, Rez Life, sous son nom d’artiste : Q052.

L’idée de faire un album avait germé autour d’une blague lors d’un voyage de pêche. Quentin dit même que, sa vraie passion, c’est la pêche. Selon lui, tout tourne autour de la pêche. C’est une façon de mieux comprendre la vie et de tester notre patience. Tout ce qui se passe pendant un séjour à la pêche peut être considéré comme de l’art : la transmission des connaissances, le lien avec la nature, l’environnement, les souvenirs, un but à atteindre – qu’il se concrétise ou non.

La pêche lui rappelle aussi son père, et l’importance du partage. Au fond, la pêche est une façon d’honorer ses ancêtres. « Il faut penser à la grosseur du saumon. Il faut penser au goût du délicieux saumon. Il ne faut pas se dire qu’il n’y aura pas de poisson aujourd’hui », affirme Quentin. Il applique les valeurs de la pêche à son art, en gardant un lien avec la terre.

La musique est comme une arme. Une arme pour continuer de défendre les droits autochtones. Son père le faisait en politique. Quentin le fait autrement, différemment et sans contraintes. 

Son père ne voyait peut-être pas les effets bénéfiques de la musique, mais les arts peuvent changer le monde. Aujourd’hui, Quentin continue de parfaire ses textes, de transmettre ses valeurs et ses connaissances à ses enfants, tout en allant pêcher le plus souvent possible.