Pierre « Ti-Basse » St-Onge

Le mont Ti-Basse, à Baie-Comeau, et la rue Tibasse de Port-Cartier n’existeraient pas sans une première rencontre entre l’Innu Pierre « Ti-Basse » St-Onge et le colonel américain Robert R. McCormick. Tout a commencé le 16 octobre 1915, lorsque McCormick a décidé de visiter la première concession forestière de la Côte-Nord. Il naviguait sur la rivière aux Rochers avec sa femme, Amy Irwin, et deux guides.

À la nuit tombée, quand vint le temps d’installer le camp, ils se sont retrouvés dans les profondeurs de la forêt. Avec les deux guides, McCormick a décidé de continuer son chemin un peu plus loin, mais une puissante tempête a interrompu ses plans. Il leur était impossible de retrouver le chemin du retour et leurs provisions étaient limitées.

Grâce aux connaissances héritées de ses ancêtres, Pierre « Ti-Basse » St-Onge vivait de chasse et de pêche. Il logeait déjà sur le territoire au moment de l’expédition de McCormick et de ses deux guides. Il les a secourus, au moment où les hommes semblaient épuisés par la tempête. Cette nuit-là, Ti-Basse les a reçus chez lui, dans sa cabane, leur a offert du thé, du gibier et de la chaleur. Au petit matin, il les a reconduits en sûreté. Aux yeux de McCormick, Ti-Basse était un guide hors pair en forêt.

Pour le remercier de leur avoir sauvé la vie, McCormick a ensuite invité Ti-Basse à séjourner à Chicago, aux États-Unis, où un photographe a croqué un portrait de lui. À la demande de Ti-Basse, McCormick s’est aussi engagé à lui expédier des provisions et des munitions, presque sans limite. Cette rencontre fortuite, en pleine tempête, marquait le début d’une amitié. Une amitié vécue dans le respect mutuel. Le portrait de Ti-Basse est demeuré dans le bureau du colonel jusqu’à son décès, en 1955.

Mais il s’agit aussi du début de la construction d’un port qui porte aujourd’hui le nom de la ville de Shelter Bay. Ti-Basse possédait une connaissance minutieuse du territoire forestier et de ses habitants. Il était également un grand voyageur de la rivière aux Rochers puisqu’il la traversait souvent avec sa famille St-Onge. Il se déplaçait sur de grands espaces pour vendre ses produits de chasse dans des postes de traite.

Avec ses vastes connaissances, il pouvait facilement guider les ingénieurs. Et c’est ainsi que Ti-Basse a fait la connaissance de Paul Provencher, un employé de la compagnie forestière de McCormick. Un jour, Ti-Basse a impressionné Paul Provencher en lui remettant un plan complet de la concession forestière de la rivière aux Rochers afin qu’il puisse observer chaque piste possible et y inventorier la présence animale.

Pierre « Ti-Basse » St-Onge est décédé en 1943 à Shelter Bay. Il est devenu un pionnier reconnu et célébré de ce territoire. On trouve son nom sur le mur de l’usine de papier de Baie-Comeau. Son portrait est aujourd’hui archivé à la Société historique de la Côte-Nord, responsable de sa diffusion. Ses nombreux petits-enfants et descendants habitent pour la plupart dans les communautés innues nord-côtières de Uashat mak Mani-utenam.