Skawennati

Skawennati est née sur le territoire mohawk de Kahnawà:ke et appartient au clan de la Tortue. Elle détient un baccalauréat en beaux-arts de l’Université Concordia, à Montréal, où elle habite actuellement. Pendant une partie de sa vie, elle a grandi dans la maison de son arrière-grand-mère, qui lui parlait en kanien’kéha, la langue mohawk. Au décès de son arrière-grand-mère, Skawennati est allée vivre à Châteauguay, une petite ville voisine de Kahnawà:ke.

Toute jeune, elle aimait se garder occupée et passait son temps à dessiner. Vers la fin de son adolescence, elle croyait qu’une formation en arts ne lui assurerait pas un vrai travail. Dans son désir de continuer à être créative, elle s’est inscrite à l’Université Concordia en design et en arts. Ses études lui ont donné la possibilité d’explorer son côté plus expérimental en jouant avec les images et les objets.

Skawennati croit que, pour que notre métier nous donne de la joie, il faut suivre son coeur et laisser les occasions venir à soi. Elle ajoute qu’il ne faut pas craindre d’essayer de nouvelles choses, ni avoir peur de ne pas gagner assez d’argent : ce qui importe, c’est de trouver une façon pour que notre travail soit satisfaisant et épanouissant.

Skawennati affirme qu’elle a mis un long moment à renouer avec sa culture à cause des effets du colonialisme, qui garde les gens dans l’ignorance de leur histoire et les empêche de maîtriser la langue de leurs ancêtres. Nous ne sommes pas moins autochtones pour cela, dit-elle. Il est toujours temps de revenir à notre culture et de faire en sorte de la revitaliser.
Elle évoque l’histoire du Pacificateur, un personnage historique qui a procédé à l’unification des cinq nations de la Confédération iroquoise. Même si les cinq nations étaient en guerre, leurs histoires de création et leurs langues partageaient des similitudes. Le Pacificateur a eu l’idée d’insister sur un consensus : chaque nation devait traiter les autres de manière égale, comme dans une famille. Pour Skawennati, cette histoire peut s’appliquer aujourd’hui encore, dans la vie quotidienne.

Ses études et sa culture l’ont poussée à créer des courts-métrages, des « machinima », des films en réalité virtuelle qui s’apparentent à des jeux vidéo. Un de ses machinima datant de 2017, intitulé The Peacemaker Returns1, plonge dans la science-fiction et transpose l’histoire du Pacificateur dans un contexte futuriste où on retrouve des éléments de notre époque. Dans cet avenir incertain, être conscient du poids du passé permet aux Autochtones de constater le miracle de notre présence sur Terre aujourd’hui.

Les oeuvres de Skawennati – qu’elles soient sous forme d’images, de matières textiles ou de sculptures – demeurent très accessibles pour les enfants et la jeunesse. À ses yeux, il est primordial d’encourager les jeunes à être fiers d’être Autochtones. Elle croit qu’en incorporant ces valeurs à ses oeuvres artistiques, elle contribue à renforcer un sentiment d’empowerment.

Ses oeuvres, qui explorent l’histoire, l’avenir et le changement, du point de vue d’une femme mohawk urbaine et d’un avatar cyberpunk, lui ont valu une reconnaissance à l’international. Tout récemment, le Minneapolis College of Art and Design lui décernait un doctorat honorifique. Skawennati fait partie de la Guild of Future Architects et est également une des membres fondatrices de daphne, un centre d’art à Montréal. Enfin, elle codirige Aboriginal Territories in Cyberspace, un réseau de recherche-création basé à l’Université Concordia.