César Newashish
C’est à Manawan, un riche territoire atikamekw, que naît, en 1902, l’enfant du chef traditionnel Seni Newashish et de sa femme, Henriette Dubé : César Newashish. Ce territoire, César ne l’a jamais quitté ; il a vécu à Manawan jusqu’à son dernier souffle. Grâce à l’amour transmis par ses parents, il est lui-même devenu le père de douze enfants, dont six avec sa première épouse, Marguerite Moar, et six autres avec sa deuxième épouse, Marie Agathe Boivin. César voulait transmettre à son peuple la culture et le savoir-faire de son territoire ancestral. Il en connaissait chaque petit bout d’histoire, qu’il relatait sans rien oublier. Il était également un merveilleux artisan.
Un jour, César a remarqué que la vie des familles était complètement bouleversée. Le mouvement de sédentarisation prenait de l’ampleur et la richesse de son territoire se dilapidait au fil du temps. Il pensa à son grand-père, Louis Newashish, qui avait été à l’origine de la réserve. Non seulement son grand-père était une source d’inspiration, mais c’est grâce à lui que Manawan existait. L’homme avait longtemps contribué aux négociations à Ottawa, où il se rendait en canot d’écorce de bouleau afin de défendre les intérêts de sa communauté.
César a alors reconnu la menace qui pesait sur les pratiques atikamekw. Le temps était venu de faire face aux changements et de les affronter. Il voulait honorer ses ancêtres et son grand-père en devenant porteur de culture et de traditions. À ses yeux, affirmer l’importance des valeurs traditionnelles, celles qui permettent de s’ancrer dans l’héritage ancestral, s’imposait.
César a toujours su comment maintenir un équilibre sur son territoire. La terre des siens avait été propice à son apprentissage. Il aimait se promener dans la forêt pour découvrir la valeur et l’usage des plantes médicinales. Les animaux également le fascinaient. Il aimait transmettre ses connaissances. Son père lui avait enseigné la pratique de construction de canots en écorce de bouleau, la spécialité d’un nombre restreint d’artisans atikamekw. C’était un art exigeant une manipulation précise de la matière première, une fabrication unique en son genre. C’est à l’âge de dix ans que César a fabriqué son tout premier canot.
Plus tard, la passion de César a intéressé un cinéaste. En 1971, Bernard Gosselin réalisait le documentaire César et son canot d’écorce, produit par l’Office national du film. Dans ce documentaire, on peut découvrir l’homme et ses histoires pendant qu’il donne vie à un canot, de la coupe de l’arbre jusqu’à sa mise à l’eau. Grâce au succès de ce film, la voix de César a pu se faire entendre sur tout le continent nord-américain, et même jusqu’en Europe.
Tout comme son grand-père qui avait sillonné les eaux, César et ses canots ont voyagé d’un événement culturel à un autre, ce qui lui a permis de promouvoir sa culture atikamekw. Il a même participé, en 1985, à la construction d’un rabaska de trente pieds, qui fut exposé dans plusieurs institutions muséales. César est devenu un symbole clé de la culture de la navigation et il a compris, à son tour, qu’il était temps de passer le flambeau de ses connaissances à ses deux fils, Jean-Louis et François. Ainsi, la transmission des savoirs traditionnels aux nouvelles générations pouvait se poursuivre.