Chelsea Singoorie
J’ai grandi entre deux mondes, séparés géographiquement et culturellement. Mon temps était divisé entre l’est du Québec et la pointe nord de l’île de Baffin, au Nunavut.
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Vous devez savoir, aussi, que ma langue maternelle est l’inuktut. Je ne connaissais ni le français ni l’anglais quand j’ai commencé l’école, mais ça n’avait pas d’importance, puisque le « jeu » est un langage universel.
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L’amitié, les liens, la communauté, tout ça a toujours fait partie de ma vie, de plus d’une manière. Ce sont des choses qui transcendent les cultures, les langues et l’âge.
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Les amis que je me suis faits au fil des ans incluent ceux et celles qui vont et viennent, mais également ceux et celles qui sont encore près de moi aujourd’hui.
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Mes réussites sont le fruit des rencontres que j’ai faites dans ma vie. Chaque interaction (aussi bien positive que négative) a eu un effet significatif sur la personne que je suis devenue.
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Les aventures, les erreurs, la croissance, les reculs sont devenus la fondation sur laquelle j’ai construit ma vie.
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En tant qu’Inuk, j’ai été touchée directement par les pensionnats autochtones, les suicides, la tuberculose et la relocalisation forcée. En conséquence, j’ai perdu des membres de ma famille et des amis au fil des ans.
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Cette réalité que je dois regarder en face a eu une profonde incidence sur ma vie, ainsi qu’une influence sur les décisions que j’ai prises et les choix qui m’étaient offerts.
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J’ai toujours eu recours à la sagesse de mon arrière-grand-mère pour me guider. J’ai l’impression que ma culture et mes ancêtres continuent de jouer un rôle dans le développement de ma persévérance.
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Plus je m’épanouis et je travaille sur moi-même, plus ma communauté et mes amis sont susceptibles de changer, mais ma culture restera toujours un pilier, cette chose solide sur laquelle je peux m’appuyer. C’est la pierre angulaire de ma vie.
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Au cours des années, j’ai eu l’occasion de voyager et de vivre partout au Canada. Vivre des expériences inédites et bâtir des relations de confiance ont continuellement alimenté ma curiosité à l’égard de la vie.
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Dans les communautés où j’ai eu la chance d’être accueillie, j’ai rencontré des mentors incroyables qui m’ont aidée à naviguer à travers les écueils de la vie.
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Encore aujourd’hui, je peux compter sur le soutien de bien des gens, dans mon petit coin du monde. Nous ne sommes peut-être pas liés par le sang, mais ce sont les membres de la famille que j’ai eu la chance de choisir.
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En conséquence, il n’existe pas de valeur monétaire correspondant à la reconnaissance que je ressens envers celles et ceux qui m’ont guidée au fil du temps.
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Un des motifs de ma vie aura été le besoin urgent et incontrôlable de toujours avancer. Quand j’étais jeune, à force de changer d’environnement, je sentais souvent que je perdais mes repères.
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Plus que jamais, il faut s’occuper de la santé mentale collective, afin que nous puissions tous et toutes avancer
ensemble. Ça a toujours été et ça continue à être une de mes priorités.
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Bien qu’une part de mon éducation au sud ait été définie à coups de pas de coudes sur la table, respecte les règles, la structure, assume les conséquences, mon éducation traditionnelle du nord misait sur l’importance d’apprendre par l’exemple, de savoir survivre sur le territoire et de construire la communauté par l’action et le service.
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Deux mondes si contrastés que je n’ai jamais vraiment pu vivre pleinement dans aucun des deux.
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Et pourtant. Je continuerai d’avancer et de tracer ma propre voie, celle d’une exploratrice des temps modernes. Inuk, Qallunaq, urbaine, lointaine, rurale