Véronique Thusky

Véronique Thusky est une artiste multidisciplinaire anishinabe de la communauté de Lac-Rapide, en Outaouais. Elle utilise sa langue, l’anishinabemowin, et sa voix pour raconter des contes, des légendes, et pour transmettre des savoirs. Outre son expertise artistique, elle fait également de la sensibilisation en milieu culturel, de l’interprétation, de la traduction et de l’enseignement.

Avant de s’engager dans le conte, Véronique Thusky a commencé à faire de la broderie. Elle a beaucoup appris grâce à sa mère, qui s’amusait avec les couleurs autant en broderie qu’en dessin. Très coloré, le travail de sa mère n’en était pas moins réfléchi et profond. Pour Véronique, la nature a toujours été une importante source d’inspiration. Toute jeune, elle adorait observer les formes des plantes et les changements de saison. Quand elle était petite, son père lui racontait des contes et des légendes de son peuple avant l’heure du coucher. Si la légende était trop longue, on s’endormait et on continuait d’y rêver, explique Véronique, qui évoque ce souvenir d’enfance. Puisque chaque communauté avait sa propre version de l’un ou l’autre des récits, il était essentiel de porter attention au moindre détail. C’était une question de respect.

Le lieu qu’habitait la famille était également un territoire de chasse où régnait un esprit de solidarité. Les familles s’entraidaient et avaient le sens du partage. Il fallait s’assurer que toute la communauté soit prête pour l’hiver. Cet esprit de partage a énormément influencé le parcours de Véronique Thusky.

Sa plus grande fierté, c’est sa propre fille, à qui elle enseigne désormais les techniques lui permettant de développer ses motifs et ses couleurs en broderie et en couture. Sa fille a un talent naturel pour l’illustration et la confection de vêtements.

Les broderies de Véronique Thusky – inspirées des contes et légendes – sont le fruit d’une approche contemporaine conjuguée à une technique ancestrale. Son travail a été présenté dans plusieurs expositions. En 2009, Mikina, son dessin et broderie sur papier japonais, a été retenu dans le cadre du festival montréalais Présence autochtone, pour représenter les constellations anishinabe.

L’anishinabemowin est la langue ancestrale du peuple anishinabe. Elle est directement liée au territoire et porteuse de diverses sonorités : le son des animaux, la rivière qui défile, le vent dans les arbres. La variété des intonations en fait une langue qui s’apparente à une mélodie. C’est une langue très imagée : certains mots ont une façon spéciale de révéler une pensée ou un concept. Il arrive qu’on doive utiliser une phrase entière pour traduire en français un seul terme d’anishinabemowin.

Selon Véronique, on doit d’abord saisir la vision de la langue afin de bien comprendre son esprit. Il devient alors possible d’exprimer réellement ce que l’on veut dire. De plus, la façon de parler la langue varie d’une communauté à l’autre. Les mariages entre différentes communautés ont beaucoup influencé l’anishinabemowin. Mais, malgré les différences, il est toujours possible de se comprendre entre nous, insiste-t-elle.

Véronique Thusky encourage les enfants à parfaire leurs connaissances et à ne pas s’arrêter à une seule chose.

Diversifier son savoir, c’est une grande richesse, car nous sommes tous liés les uns aux autres. Cette richesse nous offre une nouvelle perspective et une plus grande ouverture sur le monde.