Robert Kanatewat

Entrepreneur cri et homme politique, Robert Kanatewat est né dans les années 1930 dans le Eeyou Istchee, un immense territoire fondé en 2007. Constitué de plusieurs terres rétrocédées par la Convention de la Baie-James et du Nord québécois de 1975, le Eeyou Istchee est administré depuis sa fondation par le Gouvernement de la nation crie. Robert Kanatewat a dédié une cinquantaine d’années de sa vie aux membres de sa communauté et à tous les habitants d’Eeyou Istchee. Les accomplissements qui jalonnent sa carrière sont historiques.

De 1968 à 1977, Robert Kanatewat a été chef de la communauté de Chisasibi, située sur l’île de Fort George et près de la rivière Chisasibi, là où Hydro-Québec prévoyait construire une série de barrages hydroélectriques qui auraient transformé la région. Jeune chef à cette époque, il était un des quatre signataires eeyouch de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, considérée aujourd’hui comme le premier traité moderne du Québec. Son nom figurait sur la liste de requérants dans la poursuite contre la Société de développement de la Baie-James. Après une longue bataille juridique, le groupe a obtenu en 1973 ce qu’on appelle « une injonction interlocutoire », qui a eu pour effet d’interrompre temporairement les travaux, ce qui constituait une première reconnaissance des droits des Autochtones par la justice canadienne.

Quand les travaux ont repris, on a construit la route de la Baie James pour améliorer l’accès aux barrages hydroélectriques, ce qui a mené à la relocalisation de la communauté de l’île Fort George afin d’éviter l’érosion et les risques d’inondation. En 2020, pour souligner le 45e anniversaire de la signature de la Convention, la route fut renommée « route Billy-Diamond » en hommage à un autre signataire de la Convention.

À l’époque, voyager en petit avion était la seule manière de se déplacer en région éloignée vers les lieux de négociation. Robert Kanatewat faisait fréquemment des allers-retours pour se rendre aux rencontres entre avocats et représentants du gouvernement. En 2016, lors de l’assemblée générale annuelle du Gouvernement de la nation crie, on a annoncé que l’aéroport de Chisasibi porterait désormais le nom d’aéroport Robert-Kanatewat. Aujourd’hui, c’est un aéroport important pour les touristes, les travailleurs invités et les résidants. Robert Kanatewat a été entrepreneur. En 1987, il a participé à la fondation de Kepa Transport, une entreprise de transport de marchandises qui représente encore aujourd’hui un moteur essentiel de l’économie des communautés cries.

En 2022, Robert Kanatewat a été décoré de la Médaille Premiers Peuples, décernée par le lieutenant-gouverneur du Québec, une reconnaissance visant à souligner l’implication sociale, l’engagement et les réalisations exemplaires qui permettent de faire rayonner les communautés. Tout récemment, il s’est vu octroyer un doctorat honorifique de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), pour ses qualités exceptionnelles de leader cri et pour sa contribution envers la défense et la promotion des droits des peuples autochtones. Les autres signataires du traité ont également reçu la même distinction.