Lawinonkie Marguerite Vincent
Lawinonkie2 Marguerite Vincent est née en 1783, dans la baie de Quinte, située sur la rive nord du lac Ontario. « Lawinonkie », son nom wendat, signifie « C’est une (belle) jeune femme ». Fille de Marie des Anges Chalifour et de Sawatanan Louis Vincent, elle est également la demi-soeur du grand chef Tsawenhohi Nicolas Vincent. Elle est reconnue comme une artisane de la Nation wendat pour ses connaissances en artisanat traditionnel et sa transmission des savoirs. Au début du 19e siècle, Lawinonkie Marguerite Vincent s’installe à Wendake, qu’on appelait anciennement le village de la Jeune Lorette. Pendant son enfance, elle aurait fréquenté la seule école du village, un établissement administré par son père, Sawatanan Louis Vincent.
À l’époque, les terres de la Jeune-Lorette n’étant pas assez fertiles, l’agriculture n’était pas privilégiée. La colonisation, très présente, limitait les territoires de chasse, de cueillette, de pêche et de trappe. Les Wendat, qui cherchaient à poursuivre leurs activités coutumières, devaient aussi miser sur d’autres secteurs de l’économie, notamment ceux de l’artisanat et du commerce. Pour que sa famille puisse survivre financièrement, Lawinonkie confectionnait des mocassins et une variété d’articles artisanaux. La production allait bon train et la demande était importante.
Vers 1830, comme il lui fallait fournir la clientèle touristique et militaire, Lawinonkie a mis sur pied un atelier, permettant ainsi à plusieurs Wendat du village de travailler. On y fabriquait des mitaines, des chaussures, des toboggans et des raquettes. Entourée de ses employés, Lawinonkie pouvait aussi compter sur son mari, Hondawanhont Paul Picard, qu’elle avait épousé en février 1807, et sur leur fils, Tahourenche François-Xavier Picard. L’atelier de Lawinonkie est rapidement devenu rentable. Plus qu’une simple histoire familiale, le succès de l’atelier témoigne d’une fierté, d’une résilience et d’une capacité d’innovation qui s’étendent à toute la communauté et à toutes les femmes du village.
En plus d’assurer l’enseignement de son savoir-faire traditionnel et la transmission des techniques, Lawinonkie savait répartir les tâches quotidiennes selon les habiletés de chaque femme de l’atelier, afin que le travail de chacune soit mis en valeur. Malgré les interdictions imposées par le gouvernement colonial et certains groupes privés, elle demeurait très créative et s’adaptait aux ressources disponibles. L’artisane s’est éteinte en 1865 et a été inhumée à Wendake, dans l’église Notre-Dame-de-Lorette. Plusieurs grands journaux lui ont rendu hommage. De 1870 à 1883, son fils, Tahourenche François Xavier Picard, fut grand chef de la Nation wendat.
Lawinonkie Marguerite Vincent est rapidement devenue une pionnière, reconnue pour son apport au développement de l’artisanat wendat. Son atelier a contribué de façon importante à la subsistance des familles de sa communauté.